Vous l’avez sans doute remarqué, l’actualité parlementaire est marquée par le vote du projet de loi relatif au mariage pour tous. Les 23 articles constitutifs de ce projet de loi sont soumis depuis le 29 Janvier au vote des députés, qui siègent tous les jours y compris le week-end.
Cette loi, je tenais à vous rappeler que j’en suis fier, car c’est un projet de loi sur l’égalité des droits pour tous, principe fondateur de notre république. Ouvrir le mariage et l’adoption aux couples homosexuels est une avancée sociétale profonde, au même titre, à l’époque, que le droit de vote accordé aux femmes. Cette égalité n’est pas un symbole sans conséquences : la réforme constituera un changement concret dans la vie de nombreuses familles qui non seulement seront reconnues, mais gagneront en sécurité, en bénéficiant des protections juridiques associées au mariage et à l’adoption. Cette réforme est nécessaire puisque selon l’INED (Institution National des Etudes Démographiques), au moins 30 000 enfants vivent aujourd’hui dans des familles homoparentales. Selon les associations de familles homoparentales, ce chiffre serait de 300 000. Cette réforme n’est pas pour autant facteur de divisions, puisqu’elle ne modifiera en rien les conditions juridiques des familles hétérosexuelles. Profondément attaché aux valeurs familiales, j’ai la conviction que ce texte, loin d’affaiblir la famille, la renforce.
Pour autant, la violence de certains courriers qui m’ont été adressés, ainsi que les débordements inacceptables qui ont été entendus au cours du débat sur les bancs de l’opposition nous prouvent que l’homophobie et les clichés sur l’homosexualité sont encore bien présents dans notre société. Je condamne fermement ces dérapages. Que dire également des pressions de l’association Civitas, venue prier en latin, à genoux, devant l’Assemblée Nationale le premier jour du débat ? C’est pourquoi j’espère que cette loi puisse être un moteur de l’évolution des mentalités, comme elle l’a d’ailleurs été chez nos voisins européens. L’homosexualité n’est ni une déviance, ni une maladie. Les homosexuels sont à ce titre des citoyens pouvant prétendre à la même protection que les hétérosexuels. Comme nous l’a rappelé Christiane Taubira lors de son discours ouvrant le débat sur le projet de loi relatif au mariage pour tous, « aucune différence ne peut servir de prétexte à des discriminations d’Etat ». La lutte contre l’homophobie est un combat qui est devant nous. Nous devons être vigilants, c’est pourquoi j’ai signé la charte pour un débat parlementaire respectueux proposé par l’association SOS Homophobie.
Déjà nos voisins européens s’étonnent des propos rétrogrades qui ont pu être prononcés au sein de l’hémicycle. Hasard du calendrier, les députés britanniques viennent d’ailleurs de voter le projet de loi sur le mariage homosexuel ce mardi 5 février, tout comme l’ont fait auparavant la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas et la Suède pour ne citer qu’eux.
Par ailleurs, je suis frappé de voir à quel point l’opposition dénigre le travail parlementaire, en faisant délibérément obstruction au travail législatif : l’UMP a déposé non moins de 5000 amendements au texte de loi, examinés à raison de 40 par heure, ce qui nous oblige à siéger des heures durant dans l’hémicycle, parfois toute la nuit jusqu’à 8h du matin. Exemple parmi d’autres, sur l’article 3, examiné lundi : 110 amendements ont été déposés, mais seule une quinzaine de députés sont venus au micro les défendre, intervenant non pas pour exprimer des arguments nouveaux mais pour répéter en boucle un nombre limité de critiques auxquelles le gouvernement avait déjà répondu. Il ne s’agit plus là d’un débat démocratique approfondi et argumenté, mais bien d’une obstruction délibérée au travail parlementaire.
Je crois que les Français en ont assez et veulent passer à autre chose. L’opposition doit prendre ses responsabilités, et cesser cette obstruction stérile pour travailler au contraire de manière constructive aux autres chantiers parlementaires en cours : bataille de l’emploi, refondation de l’école, décentralisation, etc. J’en appelle donc au professionnalisme et à la conscience des députés UMP afin qu’ils cessent d’obstruer le travail parlementaire et que nous puissions travailler en toute intelligence sur cette loi historique aussi bien que sur les autres dossiers !
1 Commentaire
Le vote des femmes, la peine de mort, le mariage homo… bon, vous aurez sacrifié un monument pour que l’on parle encore de vous dans 20 ans… La démagogie au service du narcissisme… Pourquoi pas.
Tout le monde “souhaite travailler en bonne intelligence”, mais je constate que cet article ne fait jamais allusion aux avis visiblement très réservés du Conseil d’Etat sur cette loi.
Si cet l’enjeu est effectivement de taille, pourquoi le Premier ministre refuse de rendre publics ces avis?
Le Gouvernement mépriserait donc les conseils de la plus haute juridiction administrative?