J’étais ce week-end interrogé par les deux quotidiens OUEST FRANCE et LE TELEGRAMME sur le bilan de ma première année de mandat législatif. Je vous laisse découvrir le contenu de ces deux interviews.
OUEST FRANCE
Philippe Noguès revient sur son année de député – Hennebont
samedi 15 juin 2013
Philippe Noguès, à Hennebont, dans sa permanence.
Un an de mandat, lundi, pour l’élu PS de 58 ans. L’occasion de faire un bilan sur les sujets qu’il défend entre l’Hémicycle parisien et sa permanence hennebontaise.
Entretien
Philippe Noguès, député PS du Morbihan, 6 e circonscription.
Pendant votre première année en tant que député, quelle a été votre priorité ?
La responsabilité sociale et environnementale des entreprises est un peu mon « fil rouge ». La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leurs actions.
Il y a tout un volet qui concerne l’investissement socialement responsable (ISR). Il faut mettre en place une responsabilité des maisons mères par rapport à leurs filiales et à leurs sous-traitants. On peut penser à Findus-Spanghero ou à la catastrophe de l’effondrement de l’immeuble du secteur textile au Bangladesh. Au-delà de l’image et de l’aspect moral, c’est une logique économique.
La gauche doit se saisir de ce thème. C’est une utopie pragmatique du XXI e siècle.
Que faire concrètement ?
Dans ce cadre, je vais participer à une plate-forme sous l’égide du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à partir de lundi. Beaucoup de questions sont à étudier. Doit-on seulement inciter les entreprises ou légiférer ? En ce qui me concerne, je pense qu’il ne faut pas que compter sur la bonne volonté des entreprises et renforcer le rôle des salariés.
Quels autres dossiers avez-vous défendus ?
Je me suis impliqué dans la loi de sécurisation de l’emploi. Je me suis aussi intéressé, entre autres, au projet de refondation de l’école. J’ai, d’ailleurs, mis en exergue le problème d’absence de collège public dans deux communes morbihannaises, Guidel et Saint-Avé.
Est-ce difficile de lier intérêts locaux et nationaux ?
Oui, c’est une tâche complexe du travail de député. J’ai un mandat national, mais j’ai été élu dans une circonscription. J’essaie d’allier les deux. C’est le cas pour des sujets comme les déserts médicaux ou la qualité de l’eau. Je vais aussi proposer des rendez-vous, « un café avec votre député ». Cela va me permettre d’aller dans toutes les communes de la circonscription pour expliquer ce que je fais en tant que député et pour écouter les gens.
Pour des grands sujets nationaux qui ont fait débat, comme le mariage pour tous, quelle a été votre position ?
J’ai voté pour avec plaisir. J’ai été assez estomaqué de la violence des réactions. Nous avons reçu des courriers incendiaires à la permanence. Mais, les menaces ont peu de poids sur moi. Je me suis lancé dans la politique assez tard. Je n’ai pas d’ambition de carrière même si je suis passionné. Le vote dans l’Hémicycle a été un grand moment.
Allez-vous jouer un rôle dans les élections municipales de 2014 ?
Je suis partagé. Yves Péran, candidat PS, va se présenter à Inzinzac et il voudrait sans doute que je sois sur sa liste pour être conseiller municipal. J’ai été adjoint dans cette commune avant de devenir député. Je suis contre le cumul des mandats et mon souhait serait donc de ne pas être sur la liste. En même temps, je n’ai pas envie de les abandonner. C’est très délicat, je prendrai ma décision à la rentrée.
Recueilli par Aurélie DUPUY.
LE TELEGRAMME
Député. Philippe Noguès : « J’ai fait mon trou »
15 juin 2013 – Réagir à cet article
Lundi, les 577 députés de l’Assemblée nationale célébreront le premier anniversaire de leur mandature actuelle. Philippe Noguès a accepté de devancer légèrement le rendez-vous pour dresser un premier bilan de son action.

Lundi, comme un cadeau d’anniversaire de mandat, je suis intégré, en tant que seul représentant de l’Assemblée nationale, à la nouvelle plateforme pour la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) mise en place sous l’égide du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et qui est un peu le Grenelle de la RSE en France. Pour moi, c’est un symbole assez important de la place que j’ai réussi à me faire, sachant que je suis déjà président du groupe d’étude sur la RSE. En un an, j’ai aussi déposé des amendements particulièrement importants sur la Banque publique d’investissement, la loi de sécurité de l’emploi, la loi bancaire, le projet de refondation de l’école, sur l’écotaxe, sur la loi de consommation… C’est ça le vrai travail législatif.
Ne regrettez-vous pas le peu d’entrain des élus socialistes sur certaines réformes, comme le non-cumul des mandats ?
Sur ce thème, la première chose que je regrette, c’est qu’un certain nombre de députés, qui s’étaient engagés à démissionner de tous leurs autres mandats pour avoir l’investiture du parti, ne l’ont pas fait ! Après, je regrette en effet que la loi ne soit imposée qu’à partir de 2017, et non 2014. Il y a aussi un principe de réalité politique : quand on gagne une élection, c’est pour mettre en place un projet et il faut parfois accepter quelques virages pour y arriver. Sur plusieurs sujets, je regrette qu’on ne soit pas allé jusqu’au bout des réformes. Et je pense même qu’il faut faire toutes les mesures difficiles maintenant. Notamment sur les retraites. La gauche ne peut pas se contenter de livres blancs et ne pas mettre les mains dans le cambouis. Il y a des choses à faire pour rapprocher les différents types de retraite. Et s’il était justifié que certains prennent leur retraite à 55 ou 57 ans à cause de la pénibilité, ce n’est sans doute plus le cas aujourd’hui. Il faut faire cette loi, même si on mettra du monde dans la rue.
N’avez-vous pas de pression de la part d’élus du territoire qui s’inquiètent à quelques mois des municipales ?
Si on arrive à faire passer un message de justice et d’égalité, les réformes passent, naturellement. Après, ce sont les députés entre eux, souvent députés-maires, qui se posent la question des retraites. Car oui, électoralement, c’est un vrai risque. Mais reculer est un risque plus dangereux.
Localement, quel regard portez-vous sur les débats de la Fonderie de Bretagne, où le projet de « Contrat d’avenir » n’est toujours pas signé ?
Je n’ai pas échangé avec les syndicats, après avoir hésité. Je comprendrais un refus de la CGT si on leur imposait de passer à 40 heures, avec des diminutions de salaires. Mais on n’est pas dans ce cas de figure ! J’espère que le bons sens l’emportera, car ce qu’on leur propose aujourd’hui est cohérent. Et qu’au vu de la crise dans le secteur automobile, ne pas signer serait très dangereux.
Sur les déserts médicaux, qui menacent le nord de votre circonscription, le législateur n’a pas fait grand-chose pour l’instant ?
C’était un de mes points de désaccord avec le gouvernement, qui considère qu’il faut aller vers de l’incitation pour que les médecins s’installent. Moi je pense qu’il faut aller vers de la coercition, sinon on n’y arrivera jamais. On avait déposé un amendement sur ce sujet-là avec quelques députés bretons, mais il a été retoqué. Mais on y reviendra sans doute.
On a baptisé « Breizh Power » le front uni affiché par les députés bretons. Est-ce une association de circonstance ou y a-t-il un lien plus fort qui vous unit ?
Il y a clairement un lien, qui crée d’ailleurs des jalousies au sein de l’Assemblée nationale. On est 28 députés bretons, dont 22 de gauche. A nous tous, on n’est pas loin des 10 % du groupe socialiste ! On a réussi à infléchir certains dossiers en nous unissant, notamment sur l’écotaxe. Je pense que c’est une bonne chose, dont il ne faut pas abuser. Car si tout le monde fait ça, on retourne sur des parlements régionaux ! D’ailleurs, sur l’écotaxe, comme je suis membre de la commission durable, je ne suis pas sûr qu’on n’ait pas abusé de notre position prédominante…
Qu’est-ce que l’ancien salarié de l’industrie du tabac pense des voix demandant l’application du principe pollueur-payeur, vis-à-vis de ces entreprises ?
J’ai totalement évacué le sujet tabac de ma mandature, pour ne pas tomber dans le conflit d’intérêts. Dans l’absolu, ce principe du pollueur-payeur doit être appliqué partout. Après, si le tabac disparaît demain, c’est aussi beaucoup de petits commerces qui vont disparaître. Dans le nord de la circonscription, les derniers commerces sont souvent des bars-tabacs…
Quelle est votre fierté sur cette année législative ?
Il y a évidemment le mariage pour tous. L’émotion qu’on a eue, tous, au moment où on l’a votée, où l’on a scandé « égalité » dans l’hémicycle… Sincèrement, j’en ai eu des frissons ! J’ai reçu des lettres d’insulte ici, de gens me disant qu’ils ne voteraient plus jamais pour moi, etc., mais je maintiens qu’il fallait faire cette loi et j’en suis fier.
Allez-vous vous impliquer pour les municipales ?
J’ai déposé un amendement pour un mandat législatif unique, et je considère qu’un député a largement de quoi s’occuper sept jours par semaine. Si je m’impliquais sur une liste à Inzinzac-Lochrist, ce serait simplement sur un rôle de soutien dans la liste, pour ne pas abandonner mes ex-collègues. Mais ça me pose aussi un problème moral. Ma décision n’est pas encore prise.
- Propos recueillis par Pierre Chapin
Son combat : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE)
15 juin 2013 – Réagir à cet article
Depuis son élection, c’est le premier cheval de bataille de Philippe Noguès : la RSE, pour responsabilité sociale des entreprises. En gros, comment faire en sorte que les entreprises intègrent mieux les préoccupations sociales et environnementales dans leur fonctionnement. « Il n’y a pas que l’aspect financier pour juger de la santé d’une entreprise. Il faut aussi regarder la vie sociale de l’entreprise, qui permet d’avoir des salariés beaucoup plus compétitifs, d’avoir des facilités à recruter… L’aspect environnemental est également un levier de compétitivité, car améliorer certaines pratiques permet de faire des économies… Plus nos entreprises seront vertueuses, plus elles seront fortes. Et à un moment ou à un autre, l’extra-financier rejaillit forcément sur le financier », défend Philippe Noguès. Lundi, une plateforme dédiée à la RSE sera installée par le Premier ministre autour d’organisations patronales, syndicales, environnementales, collectivités territoriales, etc. Huit collèges et une cinquantaine de personnes, dont un sénateur, et un seul député, Philippe Noguès, qui y voit un « Grenelle de la RSE. Cette plateforme sera l’endroit où se dérouleront les discussions, notamment pour savoir s’il faut des mesures législatives. Car jusqu’ici, seules les grandes entreprises doivent présenter un rapport extra-financier ». Pour le député, la RSE est un enjeu majeur, pour la France… et son propre parti. « Elle permet de toucher à tout : la santé au travail, la qualité de vie, l’égalité homme femme… C’est un tournant pour la gauche, une réponse aux interrogations du socialisme au XXIe siècle ».