RSE et PME : incitation ou coercition ?

aderseJ’intervenais ce matin à Brest, au congrès annuel de l’ADERSE (Association pour le Développement et la Recherche sur la Responsabilité Sociale de l’Entreprise), sur le thème : « RSE et  PME : considérations et apports politiques et économiques »,  avec Yvon Pesqueux, chercheur, et Malo Bouessel du Bourg (Produit en Bretagne).

Programme du congrès : http://www.esc-bretagne-brest.com/images/fichiers/pdf/programme-aderse-2013.pdf

Sans détailler ici toute mon intervention, j’ai souhaité axer mon propos sur la question de l’articulation entre politiques incitatives et mesures coercitives pour le développement de la RSE. Si les politiques incitatives peuvent créer un effet d’entraînement, je ne suis pas persuadé qu’elles soient suffisantes. Les lois NRE de 2001 et Grenelle II, à mi-chemin entre l’incitatif et le coercitif, ont ainsi montré que la loi permet de faire avancer les choses, et cela a été particulièrement probant  en ce qui concerne le reporting extra-financier des grandes entreprises. N’est-il pas alors temps, aujourd’hui, de passer à l’étape suivante ?

Pour étendre davantage la RSE aux PME sans pour autant leur imposer une contrainte supplémentaire, il faut avant tout convaincre que la RSE est un levier de croissance et de compétitivité hors coût pour les PME, et un atout significatif à l’export. Allier conviction et pragmatisme économique, c’est possible et même conseillé : les nombreuses PME déjà exemplaires dans leurs démarches RSE prouvent qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre RSE et compétitivité.

La clé de la compétitivité durable réside dans l’innovation et une véritable démarche de RSE favorise, de fait, cette innovation : dans les pratiques managériales, dans la conception des produits, dans la maîtrise de la chaîne de production ou de la chaîne d’achat etc.

Il m’apparaît aussi intéressant de réfléchir à la manière dont  les grandes entreprises, donneuses d’ordre, pourraient être impliquées à terme dans le développement de la RSE auprès de leurs parties prenantes que sont les PME. Par exemple, dans les cas fréquents où une PME est très dépendante économiquement d’un grand groupe, pourquoi la politique RSE de cette PME ne serait-elle pas intégrée au reporting RSE de ce grand groupe ?

Autre point important sur lequel j’ai voulu insisté : comment faire en sorte que les PME aient un intérêt budgétaire et financier à développer leur politique RSE ? Si les labels ou la fiscalité, peuvent être des outils assez évidents, il apparaît là aussi indispensable d’innover : on pourrait, par exemple, redéfinir le rôle des institutions financières (prise en compte des risques extra financiers, développement de l’ISR, etc….)

Enfin, il nous faudra également assurer les conditions qui permettront aux partenaires sociaux et aux salariés d’être mieux impliqués dans la démarche RSE des PME.

En  bref : incitation ou coercition, le débat est posé !

 

La responsabilité sociale et environnementale des entreprises fait partie de mes priorités politiques à l’Assemblée Nationale. J’aurai l’occasion de m’exprimer à nouveau sur le sujet prochainement :

– Colloque « Reconnaître les entreprises responsables » sous le haut patronage de Benoît Homon le 23 avril ;

– Participation à une table ronde sur la RSE des PME organisée par la CGPME le 24 avril ;

– Intervention dans le cadre du Forum Mondial des Droits de l’Homme, organisé par Amnesty International à Nantes le 23 mai, sur le thème de la responsabilité sociale des maisons-mères.

2 Commentaires

  1. Pour expliquer ce qu est le RSE : C’est la responsabilité sociale des entreprises, ces sept piliers sont ;
    – gouvernance
    – droits de l homme
    – relations et conditions de travail*
    – environnement
    – bonne pratique des affaires
    – relations avec les consommateurs
    – communauté et développement local

    Il paraît évident que pour atteindre un tel objectif, tous les acteurs concernés doivent être impliqués.

    ,

  2. Je vous rejoins sur de nombreux points et sur cette exception française ” l’ Obligation Volontaire” et la recherche d’une troisième voie.
    A ne pas s’occuper de RSE (ne faire qu’en faire) et en témoigner explicitement, les entreprises doivent comprendre qu’elles contribuent à l’accroissement des dispositifs législatifs et réglementaires.
    La RSE est un facteur de compétitivité économique internationale et malgré une appétence pour le sujet en France nous devons admettre que nous sommes en retard.
    Et pourquoi ne pas jouer sur la force d’attractivité de nos territoires pour accélérer le pas ?
    Faire alors que nos territoires deviennent RSE, en développant les coopérations entre collectivités, institutions, grandes entreprises et PME par le dialogue, donner ainsi toute sa dimension à la notion de Parties Prenantes.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.