Un nouveau gouvernement a été constitué. Il a au moins un mérite, celui de la clarté : une politique sociale libérale totalement assumée. Au-delà des questions de personnes, qui n’ont pour moi que peu d’importance, il s’agit manifestement de l’affirmation d’une ligne politique que je ne partage pas.
Aujourd’hui s’affrontent deux conceptions de ce que peut être une politique économique menée par un gouvernement de gauche.
Celle qui sera mise en œuvre par le gouvernement de Manuel Vals apparait malheureusement particulièrement perméable aux idées libérales, tournée quasiment exclusivement vers une politique de l’offre, et en lien avec les politiques européennes d’austérité, censées lutter contre les déficits publics. Elle est aujourd’hui fortement remise en cause par de nombreux économistes (dont plusieurs prix Nobel !), car outre les souffrances qu’elle procure aux populations, son efficacité apparait pour le moins aléatoire, les chiffres de ce début d’année 2014 en sont un nouveau témoignage. Elle a été de toute évidence clairement rejetée, lors des derniers scrutins, par la grande majorité des électeurs de gauche.
Avec mes collègues de l’Appel des 100, je défends une politique différente, plus équilibrée, proche de celle qu’avait défendu François Hollande lui-même en 2012. Nous proposons de rajouter à des mesures fortes de relance vers la consommation des ménages et l’investissement public, une aide ciblée vers les entreprises qui en ont réellement besoin. Une politique associant l’offre et la demande qui permettrait le retour d’une croissance durable et, par effet de conséquence, la réduction effective des déficits publics et de la dette !
Le remaniement d’aujourd’hui marque malheureusement un choix politique et économique très éloigné de ces propositions. Cela risque d’accentuer la division de la majorité mais aussi le fossé avec les citoyens. La seule alternative crédible serait pourtant d’aller enfin vers cette politique de gauche pour laquelle nous avons été élus… mais qui n’a finalement jamais été réellement mise en œuvre depuis notre retour au pouvoir !
5 Commentaires
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Je suis totalement en accord avec tes propos. Bravo ! Continu de te battre sur ce terrain, nous en avons bien besoin en ce moment !
Le peu d’espoir de voir une politique de gauche avec Hollande vient quasiment de disparaître. On est de plus en plus loin du discours du Bourget ou il avait dit:
“Mon principal ennemi, c’est la finance”
Je crois que c’est plus qu’une question d’orientation chez eux, c’est viscéral, et comme le pouvoir est entre leurs mains jusque 2017. …. Après, rien d’étonnant aux nouvelles nominations, il va vous rester que supporter, et surtout préparer les prochaines élections avec grande réflexion, unissez vos forces, préparez vous, c’est tout ce qu’il vous reste à faire, et restez prudents.
Bon courage Mr Noguès
quels sont les gens au gouvernement ou au parlement qui ont un vécu , une culture d’entreprise? aucun au gouvernement, très peu au parlement ( vous êtes une exception) . Résultat: les technocrates de Bercy prennent le pouvoir et commettent des erreurs d’analyse sur la base de modèles mathématiques erronés. Quelle entreprise embauchera si son carnet de commande est vide? aucune et les aides n’y changeront rien. La seule politique de l’offre qui soit pertinente pour améliorer la compétitivité des entreprises c’est l’aide à la recherche, à l’innovation, et le soutien à la formation professionnelle; en d’autres termes il s’agit pour l’Etat de préparer l’avenir. Et pour le présent il faut une politique de la demande: soutien du pouvoir d’achat et politique d’investissement de l’Etat.
Pauvre France!
J’espère que vous ne voterez pas le budget 2015 qui forcément tournera le dos à vos convictions d’homme de gauche. Bon courage Mr Noguès
christian
Merci ChristianK, c’est tout à fait ce que je pense, Le gouvernement actuel a plutôt une démarche ” Haas been”. L’idée du CICE est bien à la base s’ il remplit sa fonction première, innovation, aide à la créativité, mais plusieurs s’en fiche et passe à la caisse, c’est dommage et dommageable.