Quand la Poste dérape…

10435680_585167054918604_2244652996382179400_nA l’invitation de Marc Ropers, maire de Cléguérec, j’ai participé récemment, avec de nombreux élus concernés, à une réunion de réflexion et de concertation sur les suites à donner  aux projets de réduction des amplitudes horaires dans de nombreux bureaux de poste du Centre Bretagne, celui de Cléguérec faisant office de symbole.

Député de la 6e circonscription du Morbihan, engagé depuis le début de mon mandat dans la défense des services publics, j’ai bien évidemment apporté mon soutien à cette initiative. Les bureaux postaux, notamment dans les communes rurales, remplissent une mission à la fois de proximité et d’accessibilité et sont donc un service essentiel pour la population.

Exemple d’entreprises publiques frappées par les opérations de libéralisation entrées en vigueur au cours de la dernière décennie : le groupe La Poste est aujourd’hui une société anonyme avec un statut d’entreprise publique, et sa direction est forcément tiraillée entre ses missions de service public et un objectif classique de rentabilité. Dans le cas qui nous intéresse, la Poste a donc, par l’intermédiaire de sa délégation départementale,  informé ces derniers mois de nombreux maires de son intention de réduire les horaires d’ouverture des bureaux postaux dans leurs communes. L’argumentation est partout la même : la fréquentation serait en baisse et justifierait donc ces décisions.

La légitimité même de cette argumentation peut être contestée, d’abord parce que les baisses évoquées sont largement à relativiser, lorsque l’on constate par exemple que l’accessibilité aux bureaux de poste n’est souvent pas optimisée. Mais c’est son organisation même qui peut être parfois sujette à suspicion notamment du fait d’horaires totalement en inadéquation avec ceux de la majeure partie des usagers.L218435_HD01116015

Surtout, la Poste ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre. Société anonyme, elle a ainsi remporté en 2013, avec 297 millions d’euros attribués, la palme de l’entreprise la mieux servie au titre du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE).  Pour rappel le CICE est un crédit d’impôt sur les salaires, censé améliorer la compétitivité de nos entreprises et favoriser l’emploi. Sa grande faiblesse est qu’il a été engagé sans contrepartie, ni ciblage, sans négociation ni contrôle. Personne n’est aujourd’hui en mesure de vérifier les efforts réels engagés par les entreprises pour utiliser ces ressources en direction de l’emploi. Dans le cas de la Poste, le doute n’est même pas permis, nous sommes clairement dans l’effet d’aubaine ! Alors que nous serions en droit d’attendre des explications concernant l’utilisation de ces aides publiques, notamment en direction de l’emploi et de l’amélioration des services rendus, la Poste propose, à l’inverse, des réductions d’horaires, notamment dans les secteurs ruraux !

Ceci n’est pas acceptable. Les élus présents à cette réunion sont tous déterminés à résister et à faire valoir les droits légitimes des citoyens. Une logique de rentabilité à court terme ne doit pas dicter l’organisation d’un service public dont chacun doit pouvoir bénéficier, sans distinction de lieu d’habitation. Je continuerai à me battre à l’Assemblée-nationale pour que l’argent public soit utilisé au bénéfice des Français, de tous les Français !

1 Commentaire

    • Dominique ROGER sur 30 octobre 2014 à 15h36
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    Je te soutiens totalement dans cette démarche, comme beaucoup de français, notamment en province et en zone rurale. Ceci dit, il faut bien reconnaître qu’il y a clairement une volonté de tuer le service public. Cette démarche a été entamée depuis longtemps et elle ne fera que s’amplifier et s’accélérer. On aurait pu espérer qu’un gouvernement de gauche aurait une politique, si ce n’est inverse, au moins neutre, mais ce n’est visiblement pas le cas !

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