50ème anniversaire de la fermeture des Forges d’Hennebont

Laminoirs

Discours 50 ans Forges

Discours de Philippe Noguès, Député du Morbihan, à l’occasion du 50ème anniversaire de la fermeture des Forges d’Hennebont

(Inzinzac-Lochrist, le vendredi 20 mai 2016)

Seul le prononcé fait foi.

 Mesdames, Messieurs,

Chaque commune a une histoire. Mais pour certaines, plus particulières mais peu nombreuses, cette histoire se confond parfois avec l’Histoire tout court. Celle du pays, l’histoire de France. Et c’est le cas ici ! 

Ici à Inzinzac-Lochrist, avec d’abord il y a très longtemps, la révolution industrielle et la création des Forges en 1860. Forges d’Hennebont mal nommées puisqu’elles sont situées à Lochrist mais ce n’est pas le plus important.

Et d’ailleurs si elles ont été créées ici, ce n’est pas pour rien ! Parce qu’il y avait le Blavet, parce qu’il y avait des forêts tout autour, parce qu’il y avait des barrages sur le Blavet qui permettaient d’obtenir de l’énergie hydraulique peu couteuse. Et puis il y avait cet essor des conserveries de poisson qui augmentaient la consommation de fer blanc.

Et puis il faut le dire aussi, une main d’œuvre rurale disponible et travailleuse ! Et donc naturellement de cette histoire industrielle, nait une histoire sociale. Une histoire sociale qui reste profondément ancrée dans notre mémoire collective. 

Parce qu’il faut se rappeler que c’est en 1896  (les Forge créées en 1860), en 1896, c’est les premières propositions de lois sur la codification des lois ouvrières qui déboucheront plus tard sur le code du travail en 1910 .

1896, premières propositions de lois. 1900, création à Lochrist, dans l’usine, d’un syndicat, d’une caisse de secours et puis derrière, les premiers conflits sociaux. Avec en 1903 une grande victoire ouvrière, après une grève de 40 jours (et il faut se rendre compte de ce que ça veut dire à cette époque), suite à la suppression de la prime pour le nettoyage dominicale des fours.

Et malheureusement en 1906, cet échec aussi important après une grève là de 115 jours pour essayer d’obtenir la journée de 8 H. Un échec, les ouvriers des Forges devront attendre 1925 pour l’obtenir alors que la loi française avait été votée en 1919.

L’histoire ouvrière de la commune rejoint donc la grande histoire sociale et politique de notre pays. Il y aura ensuite bien sûr le Front Populaire en 1936 , deux semaines de congés payés, 12 % d’augmentation, de belles victoires nationales et locales !

Malheureusement après avoir atteint 3000 employés en 1938, dès la fin de la guerre la menace de fermeture commence à peser sur le site avec le développement de la sidérurgie  plutôt  dans le Nord et l’Est de la France avec des avancées technologiques qui sont cantonnées dans cette partie géographique de la France. Avec l’issue que chacun connait puisque nous commémorons malheureusement cette année le 50 ème anniversaire de la fermeture des Forges.

Tout ne sera pas complètement perdu puisque en 1968, c’est la création de la SBFM, filiale de Renault,  qui permettra  de sauvegarder 300 emplois même s’ils quittent la commune pour aller vers Caudan.

Donc c’est bien une histoire industrielle, sociale, politique qui aura ainsi marqué la vie de la commune et de ses habitants. Une vie ouvrière difficile mais qui aura aussi entrainé le développement d’un territoire et d’une culture  dont nous sommes aujourd’hui les héritiers et les dépositaires.

Moi qui n’y suis pas né mais qui y vit depuis maintenant presque 25 ans, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine fierté devant cette histoire. Après tout, l’Histoire doit servir à cela, c’est un héritage commun, avec ses repères et ses cicatrices. Un héritage que l’on fait sien quand on s’installe quelque part. Et les photos que nous avons découvertes tout au long du parcours que nous venons de faire illustre cette histoire de manière spectaculaire.

Et puis bien sûr je suis le député de la circonscription. Alors aujourd’hui bien évidemment il ne serait pas concevable que je n’évoque pas l’actualité dont le lien avec l’histoire que nous retraçons me semble tellement évident.

L’histoire, je l’ai dit, laisse un héritage, qu’il soit mémoriel, affectif ou institutionnel. De ces combats ouvriers, dont ceux des Forges ont été une illustration parfois dramatique, comme ceux qui se sont déroulés à la même période partout en France, nous avons hérités de lois sociales, et notamment d’un Code du Travail.

Le droit du travail a été créé pour défendre les droits de l’homme dans l’entreprise. Et aujourd’hui la loi qu’essaye de mettre en place le gouvernement, sous la pression de la Commission libérale de Bruxelles, elle est plutôt faite pour subordonner les droits de l’homme à l’entreprise.

Je la qualifie moi de contre révolution, contre révolution sur un siècle d’histoire du droit du travail, un siècle de lutte. Il s’agit de subordonner les droits de l’homme au pouvoir du patronat et des actionnaires, de subordonner le travail aux lois de l’argent. Et quand on remonte l’histoire de la commune comme nous le faisons, cela semble, permettez-moi de le dire, encore un peu plus hallucinant !

Mais ceci étant, ce soir c’est l’histoire que nous célébrons ; l’histoire de la commune, et une histoire vivante, comme l’a démontré la presse tout au long de ces derniers jours.

Même si le Musée des Forges est là grâce à Gisèle Le Rouzic, l’épouse de Jean Giovanneli que je salue aussi ce soir, mon prédécesseur à l’Assemblée nationale, pour rappeler l’histoire de notre commune, il fallait je crois commémorer cet anniversaire. Comme l’histoire de France il est important que les jeunes (et les moins jeunes), non seulement se rappellent, mais aient conscience de l’histoire des Forges, de l’histoire de leur commune, de la vie difficile de ceux qui l’ont faite.

Parce que c’est à partir du passé que se bâtit l’avenir, et ici c’est l’histoire d’Inzinzac-Lochrist !

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