La reconnaissance du vote blanc constitue une réelle avancée démocratique

L’Assemblée Nationale a adopté hier à l’unanimité une proposition de loi visant à reconnaître le vote blanc aux élections. Il s’agit d’une véritable avancée démocratique, qui annule une disposition du code électoral datant de… 1852.

Une élection doit permettre aux électeurs de s’exprimer, pas forcément de s’exprimer en faveur de quelqu’un ou d’une position. Jusqu’à présent, les votes blancs étaient comptabilisés en même temps que les votes nuls. Il était donc impossible de distinguer les électeurs qui commettent une erreur ou une incivilité (votes nuls), de ceux qui se déplacent pour exprimer leur abstention (votes blancs).

Or, le vote blanc est un acte politique raisonné, qu’on ne peut pas assimiler à un vote nul. Il manifeste une volonté ferme du citoyen d’exprimer un choix, celui de s’abstenir de choisir. Un électeur peut voter blanc lorsque l’offre politique ne lui convient pas, lorsqu’il souhaite rester neutre sur une question, ou encore pour exprimer un mécontentement ou une contestation. Quelle que soit sa motivation, l’électeur qui vote blanc se déplace et s’exprime : on ne peut pas le soupçonner d’indifférence au jeu politique.

Grâce à cette mesure, on peut raisonnablement espérer que les médias ne se focaliseront plus sur le seul taux d’abstention, mais sur le taux de suffrages exprimés. Cela devrait également encourager à venir voter certains abstentionnistes, qui ne se déplacent plus dans les bureaux de vote en signe de contestation, mais qu’on ne peut pas soupçonner d’indifférence pour autant.

Je suis donc pleinement satisfait de cette avancée démocratique.

Je souhaite toutefois répondre aux critiques des partisans les plus extrémistes du vote blanc, qui auraient voulu que le vote blanc soit comptabilisé comme un suffrage exprimé. Cette mesure me semble populiste et peu pertinente. Cela reviendrait à assimiler le vote blanc à un candidat, et cela ne me semble ni démocratique, ni souhaitable. Une telle proposition serait, de toute manière, impossible à adopter par le Parlement, car les députés ne peuvent pas adopter de proposition de loi qui représenterait une charge, même indirecte, sur les finances publiques (article 40 de la Constitution) : or, comptabiliser les votes blancs dans les suffrages exprimés reviendrait à prendre le risque d’organiser, dans certains cas extrêmes où  le vote blanc viendrait invalider une élection, de nouvelles élections, ce qui constituerait donc une charge financière supplémentaire pour l’Etat.

 

Pour terminer, j’ajoute que le vote de cette loi, proposée par un député UDI (groupe politique de Jean-Louis Borloo) illustre combien la majorité socialiste respecte l’opposition. Nous savons reconnaître les bonnes idées, nous ne jugeons pas un texte en fonction de l’étiquette politique de celui qui le présente, et nous dépassons sans difficulté les clivages pertinents lorsque c’est nécessaire.

J’estime que c’est une marque de respect envers les Français que de participer ainsi à l’esprit républicain du débat national.

 

Retrouvez sur le site de l’Assemblée Nationale l’intégralité des débats.Le texte est maintenant aux mains du Sénat.

[Illustration : http://www.herault.fr/2012/05/04/vote-blanc-ne-comptait-plus-beurre-12312]

 

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