“Une certaine idée de la gauche !” Interview Télégramme

Il avait créé la surprise en 2012 en battant Jacques Le Nay et en faisant basculer la circonscription à gauche. Cinq ans plus tard, il a été surpris par sa défaite dès le premier tour, devancé par… Gwenn Le Nay. Après des lendemains qui déchantent, l’ex-député Philippe Noguès prépare désormais sa vie d’après.
Il rendra la clé de sa permanence, quai du Pont-Neuf, à la fin du mois. Mais il n’a pas attendu les tous derniers jours pour vider ses bureaux. Ses assistants parlementaires l’ont aidé à faire les cartons. Député de la circonscription jusqu’à mardi dernier, Philippe Noguès, 62 ans, a enlevé hier la plaque de sa permanence à l’entrée de l’immeuble. Le 1er juillet, il sera retraité. Et ses assistants parlementaires pointeront au chômage. « Ce n’est pas facile de licencier des gens qui sont devenus très proches », confie l’ancien parlementaire, confronté aux conséquences sociales d’une défaite politique.
« La chute du toboggan est difficile »
« Je ne m’attendais pas à la défaite au premier tour, admet-il. Mais j’ai été pris en étau par la vague de La République en Marche et la vaguelette France insoumise ». L’amertume affleure encore dans ses propos. Et les pages blanches de son agenda le renvoient à un autre quotidien, loin des allers-retours entre l’Assemblée nationale et la sixième circonscription du Morbihan. « J’ai vécu ces cinq années intensément. Forcément, la chute du toboggan est difficile ! Je suis dans un moment de flottement », confie en toute franchise Philippe Noguès, réconforté par des messages de soutien. « Je n’ai pas croisé de personnes qui se détournaient de mon chemin ». L’écho des premiers pas de son successeur au Palais Bourbon lui rappelle son statut de vaincu, tout en ravivant les souvenirs de sa découverte de l’Hémicycle. « On se retrouve au cœur de la démocratie. Le plus impressionnant, c’était le premier jour de la session parlementaire avec les 576 autres parlementaires. Les nouveaux élus sont placés tout en haut de l’Hémicycle, les autres au milieu… dans le champ des caméras ».
Il n’a pas oublié son premier discours de cinq minutes à la tribune de l’Assemblée nationale, ni ses questions posées au Gouvernement. « C’est plus facile quand on appartient à un grand groupe. Sinon, pour les non-inscrits, la règle limite leur intervention à une question par mois », précise l’ancien député frondeur qui a très vite pris ses distances avec le groupe socialiste avant de démissionner du parti. « J’ai eu un parcours plus riche qu’un député suiveur. Je suis allé jusqu’au bout de ma démarche. J’ai pris des actes forts, notamment en votant la censure du gouvernement Valls ». Aujourd’hui encore, Philippe Noguès persiste et signe : « Paradoxalement, les bons souvenirs resteront les moments de tension, quand on a l’impression de faire bouger les lignes et de servir à quelque chose ».
« Faire entendre ma différence »
Épine dans le pied de la précédente majorité gouvernementale au nom « d’une certaine idée de la gauche », ses anciens camarades lui ont fait payer en retour sa liberté de parole en soutenant ouvertement le candidat de La République en Marche. Mais à l’heure du bilan, il avoue ni rancœur ni regret. Même s’il range parmi ses souvenirs les plus marquants son départ du Parti socialiste et la médiatisation de cette décision.
« La loi sur le devoir de vigilance des multinationales concernant le respect des droits humains et de l’environnement chez leurs sous-traitants est une satisfaction. J’avais porté ce projet de loi avec deux autres députés », ajoute-t-il. S’il a remisé son écharpe et sa cocarde de député parmi les souvenirs, le citoyen militant ne veut pas rentrer dans le rang. « Je souhaite faire entendre ma différence. Entre Mélenchon et Macron, il y a un espace politique pour que la gauche fasse à nouveau rêver ».
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1 Commentaire
Philippe , bien que n’habitant pas ta circonscription à l’année , nous savons tout le travail que tu as fourni sur le terrain et te faisons confiance pour continuer à faire valoir les valeurs de la gauche . Notre député , Guillaume Bachelay , a subi le même sort injuste que toi dans la 4ème circo de Seine Maritime et nous le soutenons de toutes nos forces car le coup est rude ! Il a ,lui aussi , tant donné de sa personne sur le territoire qui était le sien que s’en est incompréhensible ! Courage et à bientôt , j’espère , à Lochrist ou dans ses environs .
Annick