BREXIT : Encore un peuple qui dit non !
Les Britanniques se sont donc décidés pour la sortie de l’Union Européenne. C’est un coup de tonnerre dans le ciel européen, d’autant plus imposant que près de trois quart des électeurs se sont déplacés à l’occasion de ce référendum.
Ce résultat signe la fin d’une histoire mouvementée entre la Grande-Bretagne et l’Union Européenne, et annonce une période de troubles au sein des institutions bruxelloises. Car même si le résultat s’explique en partie par des raisons nationales et propres à la Grande-Bretagne, ce vote porte manifestement la marque de l’échec de l’Europe à convaincre les peuples du bien-fondé de son action.
Ce vote est révélateur de fractures et de clivages, anciens ou récents, qui se font jour à l’occasion de ce débat européen. Tout d’abord, des fractures géographiques internes à la Grande-Bretagne : l’Ecosse et l’Irlande du Nord ont confirmé leur attachement indéfectible à l’Union européenne en votant massivement pour le maintien dans l’UE, tandis que l’Angleterre et le Pays de Galles (mise à part Londres et une partie des grandes villes connectées à la globalisation économique) s’exprimaient majoritairement pour le « Leave ». Ensuite, une fracture générationnelle est aussi apparue, puisque la jeunesse britannique semble s’être prononcée pour rester au sein de l’Union Européenne, même si ce constat est à mettre en relief selon les classes sociales.
Plus important peut-être, ce vote met en lumière une fracture qui dépasse les frontières des îles britanniques et qui se vérifie dans nombreux autres pays européens : le clivage peuple / élite. Depuis 2005, en France, aux Pays-Bas, en Grèce, chaque fois que le peuple a été appelé aux urnes pour se prononcer sur le sujet, son vote s’est révélé négatif, au grand dam d’une majorité des partis traditionnels, de la classe politique et des médias dominants. Cette vérité doit tous nous faire réfléchir sur notre avenir commun en tant que continent, car il y a fort à parier qu’un vote comparable à celui qui s’est déroulé hier en Grande-Bretagne déboucherait dans la plupart des grands pays de l’Union, à commencer par la France, sur un résultat similaire.
Les racines de cet échec cuisant pour l’Union européenne trouvent leurs sources dans son fonctionnement actuel et dans l’idéologie néo-libérale qui s’est, au fil du temps, infiltrée dans l’âme du projet européen pour la pervertir. Le résultat est un immense gâchis, et une Europe qui semble au final ne servir que les intérêts financiers des banques, des grandes entreprises et des lobbys, en imposant en parallèle des remèdes d’austérité aux nations qui la composent. Qui pourrait aujourd’hui défendre l’idée que l’Union européenne apporte le progrès et la justice partout, quand elle suggère fortement aux nations d’adopter des lois « El-Khomri », et qu’elle désorganise nos services publics, avec l’assentiment des gouvernements libéraux, au nom du dogme de « la concurrence libre et non faussée » ?
J’entends depuis ce matin des éditorialistes inamovibles qui passent de plateau de télévision en studio de radio pour expliquer que les britanniques n’ont, en réalité, pas voté en fonction de la question posée. Certains vont même jusqu’à affirmer que les électeurs qui se sont prononcés pour la sortie de l’UE sont en majorité des ignorants, qu’ils ont « mal » votés, au contraire des Ecossais et des Londoniens qui connaissent bien mieux les sujets européens. Au-delà du caractère scandaleux et du mépris de classe qui transpirent de ces propos, je voulais simplement rappeler une chose : c’est en ne respectant pas la souveraineté populaire, que l’Europe et ses dirigeants se sont condamnés et ont planté les graines d’un nouveau danger nationaliste. Il est urgent de refonder notre idéal commun, entre nations du Vieux Continent, et que l’Europe fasse la preuve, loin des impératifs de compression budgétaire et de flexibilisation du marché du travail, qu’elle peut redevenir une promesse de liberté, de paix et de prospérité.
1 Commentaire
Merci encore” mr Noguès. J’ai été très heureux du Brexit malgré le matraquage médiatique que nous avons subi et j’espère que ce sera bientôt à notre tour de quitter l’UEPour notre bien à tous.