C’est un constat inquiétant, qui malheureusement ne surprendra pas. Si le taux de chômage reste encore en Bretagne, inférieur à la moyenne nationale, la région détient à contrario pour l’année 2012 le record national de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emplois. Et les plans de licenciements qui se succèdent en ce moment accentuent fortement le sentiment particulièrement anxiogène qui prédomine, évidemment chez les salariés, mais plus généralement dans l’ensemble de la population bretonne.
Et pourtant la crise qui touche aujourd’hui la Bretagne était prévisible ! Notre modèle agricole comme celui de notre industrie agro-alimentaire donnent des signes de faiblesses, financiers mais aussi sociaux et environnementaux, depuis trop longtemps. Et la situation est en passe de se reproduire, sans doute très rapidement, pour l’automobile ou la défense. Faute d’avoir suffisamment anticipé , et d’avoir pris, à temps, les décisions concrètes indispensables pour réorienter notre économie, nous sommes aujourd’hui dans une situation d’urgence !
Urgence pour les salariés des usines agro-alimentaires, urgence pour les agriculteurs, mais urgence aussi pour leurs fournisseurs et toutes les parties prenantes de la filière. Le gouvernement a pris conscience de la gravité de la situation et l’annonce d’un Pacte d’avenir pour la Bretagne par le Premier ministre est un début de réponse à cette angoisse sociale. Il conviendra évidemment maintenant de s’assurer que cette mobilisation va bien vers ceux qui en ont le plus besoin.
Mais l’Etat, qui a été, et sera malheureusement encore, sollicité aussi dans d’autres régions de France (récemment en Lorraine), n’a pas les moyens financiers de soutenir simultanément tous les secteurs de notre économie. Dans ces conditions, les mesures d’aides aux entreprises, doivent absolument être conditionnées à des changements structurels clairs et concrets pour moderniser notre industrie et lui faire prendre les tournants stratégiques indispensables pour sa survie et son développement. La crise de l’agro-alimentaire par exemple ne touche pas toutes les entreprises de la même façon. Celles qui ont fait le choix – et se sont donné les moyens – de s’orienter vers des productions à plus forte valeur ajoutée résistent visiblement beaucoup mieux, preuve s’il en était que les responsabilités du monde économique sont au moins aussi importantes que celle de l’Etat !
Ce qui est valable pour la filière agro-alimentaire l’est également dans bien d’autres secteurs. Le passage vers un modèle économique durable, plus équilibré, avec notamment le développement de nouvelles filières liées à la transition écologique, ne peut se faire dans l’urgence. Il n’en reste pas moins crucial de mettre en place dès maintenant les conditions qui permettront d’y arriver.
Les discussions sur la mise en place de l’écotaxe ne doivent pas simplement servir d’argument politique. La situation est trop grave. L’Etat a son rôle à jouer, le monde économique aussi !