Loi Macron : un doute « réel et sérieux » !

DSC00065La loi Macron revient à l’Assemblée Nationale. Le gouvernement a d’ores et déjà clairement indiqué ses intentions : aucun compromis ne sera possible sur les points qui ont fait débat en première lecture ! Pour mieux se faire comprendre il y rajoutera même un certain nombre de mesures, présentées « en faveur des PME-TPE », qui limiteront notamment les indemnités des salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse, et qui accentueront encore les orientations de cette loi de plus en plus fourre-tout, et de plus en plus libérale.

Emmanuel Macron peut se rassurer, les responsables du Parti Socialiste, à commencer par le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui viennent de gagner le congrès en prenant un certain nombre d’engagements, comme par exemple, « l’opposition à une nouvelle extension du travail du dimanche » sont d’un silence assourdissant. Depuis le début du quinquennat, pas à pas, loi après loi, la transformation de la France est en marche, loin de celle que nous avions annoncée en 2012. « Mais si vous n’êtes pas d’accord, pas de problème : nous avons le 49.3 ! »

Cette « loi cadre » de la politique du gouvernement n’aura sans doute aucun impact sur l’emploi, c’est du moins ce que confirme la plupart des avis autorisés, mais elle va, et c’est évidemment son objectif principal, continuer à imprégner les esprits et accentuer encore le brouillage idéologique pour mieux tourner le dos à tous les combats et acquis sociaux du XXème siècle.

Tout le monde est pourtant d’accord : développer une politique économique ayant pour objectif la croissance, l’activité et l’emploi est le rôle de tout gouvernement, même s’il doit se poser parallèlement la question du type de croissance souhaitée et souhaitable.

Mais vouloir, pour atteindre ces objectifs et sous prétexte de faire sauter des verrous et de lutter contre les « conservatismes », mélanger dans un même texte des mesures concernant les professions réglementées, les transports par autocars, les concessions autoroutières, le permis de conduire – et j’en passe -, remettre en question dans le même temps le repos dominical, le rôle des prudhommes, des pans entiers du code du travail ou celui de l’environnement, tout cela ne peut créer qu’un sentiment de flou, d’incertitudes, d’inquiétudes, et, au final, un doute « réel et sérieux » sur l’objectif de ce projet de loi.

Je suis indigné qu’un gouvernement, issu des rangs du Parti Socialiste, mène et prolonge aujourd’hui cette politique d’adaptation de notre pays aux normes du néo-libéralisme ambiant. En renonçant définitivement à la mise en place d’une politique économique alternative, en capitulant devant les injonctions du patronat, sans contreparties, sans résultats, sans bénéfices pour les classes moyennes et populaires, c’est l’avenir même de notre modèle social et de notre pacte républicain que nous hypothéquons. Ne l’oublions pas, les lois votées aujourd’hui seront aussi celles de demain, même quand la crise sera passée !

D’ailleurs, si nous devions finir de nous convaincre de l’origine idéologique de cette loi, il suffit de regarder vers Bruxelles. Où l’on voit, comme par hasard, ressurgir la menace d’une directive européenne pour protéger « le secret des affaires » contre le droit à la liberté d’information… que le ministre de l’Economie français, Emmanuel Macron, aurait bien voulu voir inscrit dans son texte en janvier dernier.

Je suis socialiste, je le reste, et si l’occasion m’en est donnée, je voterai contre cette loi.

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