Je me suis rendu vendredi dernier au centre de réinsertion pour détenus de BREHEDIGAN à BUBRY. Depuis 1997, le dispositif de Bréhédigan, mis en œuvre par le SPIP[1] du Morbihan, et désormais géré par l’association PREFACE, prend en charge près d’une quinzaine de détenus en fin de peine pour une durée maximale d’une année, afin de faciliter leur réinsertion dans la société civile une fois leur peine purgée. Le centre traite toutes les sortes d’addiction, notamment à l’alcool ou aux substances psychotropes, qui sont souvent des facteurs déclencheurs d’un bon nombre d’actes délictueux (entre 60 et 70% des délits commis).
Cette initiative est le fruit d’un constat : le système carcéral français tel qu’il est conçu actuellement, ne parvient pas à réinsérer convenablement les détenus dans la société française. Surpeuplement carcéral, présence de drogues comme seul échappatoire, violences, ruptures des liens familiaux, absences de perspectives à la sortie, voici autant de facteurs qui marginalisent d’autant plus les détenus.
Aussi, chaque résident bénéficie d’un accompagnement personnalisé, tant par l’équipe du centre, que par les professionnels soignants extérieurs, qui interviennent pour traiter leurs addictions. Ils se voient offrir une formation professionnelle ou une alternance afin qu’à leur sortie, ils puissent obtenir un contrat de travail avec la perspective d’un logement fixe. L’ancienne longère qui accueille les occupants a été entièrement réhabilitée par les détenus qui participent à tous les travaux du centre. Ayant une activité professionnelle au cours de leur séjour, ils sont à même de rembourser les parties civiles pour les dommages qu’ils ont causés, et participent aussi à la vie économique de la commune de Bubry. Horaires stricts, répartition des tâches, traitement contre l’addiction, travaux manuels, cette organisation est basée sur le respect des règles et d’autrui, et si l’un d’entre eux s’aventurait à les enfreindre, le juge d’application des peines se chargerait de le réintégrer au centre pénitentiaire de Ploemeur.
Autre donnée qui mérite d’être soulignée : la prise en charge des détenus par le centre de réinsertion de Bubry revient à 35 euros par jour et par personne à l’administration pénitentiaire, contre 85 à 90 euros par détenus dans un centre pénitencier classique, ce qui représente une alternative viable pour la gestion des fins de peines.
Ainsi, toutes les raisons nous poussent à encourager le développement de ces centres sur la région Bretagne et en France, à l’instar de nos voisins européen, je pense notamment à la Suède ou au Danemark, qui ont d’ores et déjà expérimentés les avantages de telles initiatives.