En cette période de fêtes de fin d’année, j’ai fait un rêve. François Hollande prenait conscience que la logique libérale était une impasse et décidait de revenir aux engagements de 2012. Et tout était encore possible !
Il profitait des vœux aux Français pour annoncer ce grand virage, déclarant notamment, et je cite, « Sans respect de la parole donnée, la politique devient un simple travail de gestionnaire, loin, bien loin, de l’idéal de transformation de la société qu’elle prétend servir ».
C’était un rêve évidemment, mais la période est propice pour le transformer en vœu. Tout n’est pas trop tard !
Une politique à des millénaires du projet de 2012
La politique que nous menons aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec le projet sur lequel nous avons été élus en 2012. Bien sûr j’entends déjà les arguments de tous ceux, tenants du libéralisme, défenseurs de l’étiquette, qui martèlent sans cesse qu’il n’y aurait pas d’alternative à la politique menée par le gouvernement de Manuel Valls.
Alors soyons clair, j’ai un désaccord de fond avec la politique économique du gouvernement. Je milite pour une politique alternative de gauche, qui respecte les engagements pris devant les électeurs. Oui des aménagements peuvent parfois être indispensables pour tenir compte du contexte et des contraintes, mais cela ne peut s’envisager que quand l’essentiel, le cœur du programme, a été mis en place.
Absolument contre le Pacte de responsabilité
Nous n’avons malheureusement jamais essayé le programme économique et social pour lequel nous avons été élus ! Et contrairement au tournant de la rigueur de 1983, il n’y a jamais eu de virage : le cap économique a été immédiatement fixé et nous avons rendu les armes avant même de combattre !
Pourtant ce projet resterait d’actualité si nous voulions vraiment mener une politique de gauche en France. Il serait nécessaire de le faire évoluer – et j’en suis totalement d’accord – pour y rajouter notamment un programme d’aide aux entreprises, mais à condition que ce soit une aide pour celles qui en ont réellement besoin – en un mot les PME et les TPE – et que cela ne se transforme pas en un gaspillage d’argent public comme c’est le cas aujourd’hui. Je persiste et je signe : je ne suis absolument pas d’accord avec le Pacte de responsabilité qui est entré en vigueur le 1er janvier.
Demander des efforts aux Français, on peut le comprendre mais sûrement pas pour transférer des milliards d’euros des classes populaires et moyennes vers des entreprises du CAC 40 ou de la grande distribution.
Des milliards qui seraient beaucoup plus utiles à notre économie pour relancer les investissements des collectivités territoriales (70 % des investissements français) – actuellement à l’arrêt et qui vont engendrer des milliers de nouveaux chômeurs dans les mois à venir -, ou vers la consommation des ménages.
Des mesures de dérégulation plutôt qu’un programme de gauche
Pour le reste, du cœur de notre programme, qui rassemblait la gauche sur l’essentiel – c’était un autre temps !-, des pans entiers resteraient à construire : mettre les banques au service de l’économie, engager une grande réforme fiscale, faire prévaloir la justice au travail …. Rien ne nous empêcherait de le faire, bien des économistes même nous y encouragent.
Il suffirait pour cela de résister enfin aux lobbys et à la tyrannie de la pensée unique libérale qu’ils imposent, notamment dans les médias… malgré les résultats catastrophiques, et bien visibles, de la politique menée sur leurs conseils.
Contrairement à ce que voudrait faire croire le Premier ministre, Manuel Valls, ce sont bien les mesures de dérégulation permanente (la Loi Macron va encore l’illustrer), de désengagement de l’Etat au profit des lois du marché, de détricotage de tous les acquis sociaux du XXéme siècle… qui risquent de faire disparaitre la gauche des écrans radars de la politique française ! Faut-il que ce soit ce gouvernement qui y contribue ? Tout n’est peut-être pas encore perdu, mais une chose est certaine : le temps nous est compté !
Se battre pour ses convictions plutôt que pour le Parti socialiste
Au cours de l’année 2014, j’ai pris des positions qui m’auront valu à peu près autant de soutiens que de critiques. Les choix que j’ai exprimés je les revendique au nom de ma conception de la vie publique et des valeurs que je veux continuer à porter.
Je suis plus attaché à mes convictions qu’à un quelconque appareil, fut-il le Parti Socialiste. Et ce sont uniquement ces convictions qui guideront mes votes à l’avenir. Je ne peux donc pas exclure l’idée de quitter, ou de devoir quitter, le groupe PS à l’Assemblée Nationale . Je continuerai quoi qu’il arrive à me battre, non pas pour un poste ou un mandat, non pas pour la défense d’une étiquette, mais pour l’égalité et la justice, pour un développement durable, pour que chacun trouve sa place dans la société. Loin du rêve, c’est pour la réalité quotidienne et l’avenir de millions de Français que ce combat s’impose !