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Depuis mes deux abstentions lors des votes d’investiture du nouveau gouvernement puis du pacte de stabilité, il ne se passe pas une journée où je ne dialogue pas avec des militants ou sympathisants qui le plus souvent me soutiennent, parfois me critiquent, et souvent s’interrogent ! Pour tous, je veux ici tenter de répondre, de façon simple et claire, aux questions qui me sont le plus souvent formulées.
Tout d’abord, oui je crois nécessaire de prendre des mesures pour la réduction des déficits publics et de la dette. Oui, je crois indispensable d’aider les entreprises qui en ont besoin. Et les initiatives que nous serons amenés à prendre dans les semaines à venir, avec mes collègues députés regroupés au sein de ce qu’on nomme l’Appel des Cent, tiendront évidemment compte de ces critères incontournables.
Mais non, je ne crois pas au bienfondé de la politique économique prônée par le gouvernement. Comment peut-on prétendre faire reculer les déficits par un plan d’économies de 50 milliards, et annoncer dans le même temps une politique d’allègements des charges des entreprises pour un montant annuel de 41 milliards ? Cela veut juste dire que les économies réalisées sur les prestations sociales, le gel du point d’indice des fonctionnaires, l’abaissement des dotations aux collectivités locales (et donc l’investissement !) ne serviront évidemment pas à réduire les déficits et la dette mais simplement à financer les allègements de charges des entreprises. Et comme ces baisses de cotisations se feront sans ciblage, ni contreparties, une grosse partie ira à des entreprises qui n’en ont absolument aucun besoin : grande distribution, banques…pendant que le pouvoir d’achat des couches populaires et des classes moyennes ira en diminuant, et avec lui, la consommation qui seule a soutenu la croissance au cours de ces dernières années.
Député de gauche, je ne peux pas cautionner un tel déséquilibre de la politique économique qui aboutira au mieux à une croissance molle, sans créations d’emplois et sans réductions des déficits, et au pire, c’est malheureusement le plus prévisible aujourd’hui, dans une déflation qui, elle, détruira des emplois et aggravera la dette que ce pacte de stabilité prétendait combattre.
Certains m’accusent parfois d’entretenir, avec mes collègues de l’Appel des Cent, une division qui affaiblirait la majorité. Moi je pense que l’affaiblissement de la majorité est essentiellement due au fait qu’elle ne mène pas la politique pour laquelle elle a été élue ! Je ne suis pas vraiment légitimiste, c’est vrai. Je préfère être fidèle à des valeurs, à des convictions.
J’entends aussi cet argument qu’il serait trop tard pour changer de politique ! Franchement, dans une voiture fonçant à pleine vitesse vers un mur, ne faut-il pas mieux appuyer sur le frein….de toutes ses forces ? J’ai voté jusqu’ici toutes les lois présentées par le gouvernement, et notamment les décisions budgétaires, même si je n’étais pas toujours totalement d’accord, parce que j’ai espéré que les décisions que nous prenions allaient porter leurs fruits pour l’ensemble des Français. Aujourd’hui l’accentuation, notamment par le pacte de stabilité, de cette politique de l’offre m’apparait comme une erreur profonde et il me semble donc inconcevable de ne pas le dire… et de ne pas appuyer de toutes mes forces sur le frein !
Enfin, certains me demandent aussi parfois, surtout par écrit, si je prends cette position uniquement dans le but d’être réélu ! Même si cette question me heurte, je souhaite y répondre. Chacun pensera ensuite ce qu’il veut. Je fais de la politique parce que je crois encore qu’elle peut changer la société, qu’elle peut améliorer le sort de ceux qui en ont besoin. C’est ma seule motivation. Je l’ai déjà dit, je serai peut-être battu en 2017, mais au moins je le serai sur mes valeurs, pas sur une politique sociale libérale qui ne correspond pas au contrat que j’ai passé en 2012 avec mes électeurs !
Et ce contrat, croyez-le, j’entends bien le respecter.
Philippe Noguès
2 Commentaires
Monsieur le Député, c’est très louable de vouloir respecter le contrat sur lequel vous avez été élu. Mais, n’est ce pas un peu dépassé tout ça ? Les gens qui vous ont élu, ont élu un député socialiste qui viendrait grossir les rangs du PS et soutenir le Président de la République, socialiste jusqu’à dernier ordre. Donc la politique du Président. Donc les 60 propositions. Donc le contrat n’était pas le vôtre mais celui du Président. Pire même. Le contrat n’était pas celui du PS mais celui du Prédisent. Martine Aubry avait fait en sorte que le PS ait un programme quel que soit le futur candidat. Mais on voit bien que les choses ne fonctionnent pas comme ça. Mais que s’est il passé ? Comment nous en sommes arrivés là ?
Tout d’abord manque de communication sur la situation du pays et la dette colossale héritée de cinq ans de sarkozysme. On aurait aimé des explications et la vérité. Les français ne sont pas des veaux ! Ils sont bien informés à présent. Fini les années où on nous cachait la vérité. Ensuite, les lois sociétales qui ont mis le pays en ébullition alors que le chômage ne reculait pas. Puis la fameuse “courbe du chômage”. Quelle erreur de croire que la situation allait s’inverser en ne faisant rien. L’ennemi c’est la finance s’est traduit par la taxe à 75% pour les clubs de football …. Que d’erreurs, que d’atermoiements. Je ne parle pas des turpitudes présidentielles. Excusez moi mais Hollande n’a rien compris. Il a fallu attendre le 14/1/14 pour voir enfin une re-orientation de la politique sur laquelle, je suis comme, vous complètement opposé. OK Mais que faire à présent ? Laisser la droite gouverner ? Impossible. L’UMP demandera la démission du Président, le quinquénat est passé par là. Il n’y aura plus d’alternance et c’est tant mieux. Je crois qu’il n’y a plus qu’à attendre que la politique prônée donne quelques résultats positifs et surtout rester en place en préparant l’après 2017. Car, supposons que cette politique réussisse et qu’en 2017 la courbe du chômage soit enfin inversée, que le déficit soit endigué, que la dette baisse, bref que la croissance reparte. Supposons Monsieur le Député. Alors, un homme (ou une femme) fort(e) se présentera en 2017 avec un bon bilan et, si vous (le PS) avez bien travaillé au futur projet vous pouvez l’emporter et vraiment changer le pays. En bref, je pense que pour ce quinquenat c’est “cuit”. Il faut d’ores et déjà travailler sur l’après. Il est évident que le PS n’a pas assez travaillé pendant la période Sarko. Pas facile quand on ne maîtrise pas l’Administration. Mais les cinq passés au pouvoir devraient permettre de préparer l’avenir sur lequel j’ai des propositions à faire. Alors ne vous entêtez pas. Vous n’êtes pas en voiture mais dans un train sur des rails. Ou le train déraille ou il passe. Courage Monsieur le Député.
Floréal Garcia
Oui Monsieur le Député, je suis tout à fait d’accord avec vous. Vous avez parfaitement raison.
Raison de vous battre pour des valeurs, pour des convictions, pour des idées.
Votre détermination vous honore, et c’est le moins qu’on puisse attendre d’un élu : qu’il respecte le contrat passé avec ses électeurs ! Et même s’il faut se désolidariser d’un gouvernement qui conduit une politique qui n’a plus rien à voir avec une politique de gauche !
Le train dans lequel nous sommes embarqués va droit dans le mur. On ne peut pas continuer ainsi ! Nos gouvernants n’ont plus conscience des réalités de la Vraie Vie. Celle des difficultés de fin de mois, des privations, de la précarité de l’emploi, et de la misère noire dans laquelle certains risquent de basculer – ou ont déjà basculé. Les politiques doivent réapprendre à voir ce qui se passe réellement pour leurs électeurs de la base, savoir les écouter et les entendre, et ensuite agir en élus du peuple, en toute conscience.
Avec la mondialisation, le monde est maintenant aux mains des banques et très grosses entreprises, entre les mains d’hommes qui n’ont d’autre but que leur enrichissement personnel et sont dénués de tout scrupule quant aux conséquences réelles de leurs manœuvres. Et, malheureusement, force est de constater que le monde politique est de plus en plus inféodé à celui de la Finance.
Nous avons besoin d’hommes et de femmes politiques qui sachent rester reliés au terrain, en toute indépendance, fidèles aux valeurs pour lesquelles ils ont été élus, et qui aient à cœur d’œuvrer pour atteindre les objectifs qui leur ont été fixés.
Alors, Monsieur le Député, continuez ! Félicitations, et merci.